BIG BROTHER 'S LOVING YOU

Une petite envolée sociologico-satirique qui nous explique comment nous avons la joie de vivre dans un magnifique monde qui organise et gère jusqu'aux tréfonds de notre vie sentimentale. Et pourtant dans cette magnificence, certains ne rentrent pas dans le système et tournent en roue libre tout autour de nous. Qui sont ils ? Que font ils ?
Nous les nommerons Monstres Humains.

EXTRAIT

BIG BROTHER’S LOVING YOU

PETITE ENCYCLOPEDIE DU MONSTRE HUMAIN

 

 

 

Tout commence toujours par une mort, quelle qu’elle soit …

(Vache, celle là elle plombe l’ambiance dès le début …. Enorme …. )

 

Nous sommes ici rassemblés pour honorer la mémoire de ce qui a fait des nos aïeux des hommes et des femmes de bon aloi ces derniers siècles. Adieu nœud papillon élastique de nos trois ans. Adieu symphonie de divers couverts selon la bête à dévorer. Adieu Ô toi sacro-sainte réponse automatique et au combien constructive à toutes les questions – parce que c’est comme ça que ça se fait ! Adieu à toi, essence même d’un fondement de tout qui a encore, pour certains d’entre nous, bien occupé nos jeunes années d’éducation.

La scène est plantée. La dépouille est bien là, au milieu de nous. Et pourtant personne ne bouge, personne n’est triste. Nulles pleureuses romaines remplissant de concert des mètres et de mètres de tissus camaïeu. Nuls vestes noires et grands chapeaux meringués au premier rang qui vous masquent les gesticulations centrales. Aucun grand orgue, allée de bougies dans leur petite coupelle rouge plastique, où se jouent lentement le va et vient des G.O mortuaires des lieux. Rien, rien et encore rien et tout cela pour une simple et bonne raison. Nul n’a réalisé ce qui vient de se passer.  

Le défunt ?

Ils sont assez nombreux et pour faire simple, nous les réunirons sous un épais chapeau haut de forme brodé à leur nom. Valeurs socio éthico culturelles. Si si vous savez ce que je veux dire mais le terme dit comme ça fait un peu scolaire. J’ai bien conscience que cette entrée en matière fait un peu vieux c** d’un traité sociologique mais rassurez-vous pas du tout. C’est résumé dans une suite de mots tout ce qui fait que nous sommes. Pourquoi ceci et pas cela, nos réactions. Pourquoi certaines peuvent sur l’instant tout pardonner à leur mignon du moment, un des nombreux jours où elle voulait le finir, juste parce qu’il a débarqué à la gare avec un grand sourire, une jolie chemise et un duffel coat. Et pourquoi dans tout groupe, si vous en trouvez une mimi, elle sera forcément avec un petit accent pointé qui affichera joliment ses origines méditerranéenne. Aaaah le gêne social. Ding ! Touché !

 

Depuis quelques années, nous assistons à la lente mais sure agonie d’un concept jusque là immuable. Ce qui faisait la gloire et la beauté de notre société traditionnelle a donc sombré dans une irrémédiable décrépitude. L’humain de base, appuyé depuis toujours sur ce socle de marbre par défaut, perd brutalement le contrôle de son immatériel personnel. Bien perché dans ses certitudes et ses habitudes, il n’a rien vu du petit démon qui est arrivé sans un bruit avec sa grosse masse, un peu comme Laura / Kaori, et vlan ! Vrac ! Cet immatériel qui depuis la nuit des temps, menait notre psyché vers la réussite et le bonheur de nos relations sociales, sentimentales, humaines en général, vient de voler en éclat. Et là sans prévenir, l’humain se retrouve seul pour ramasser les morceaux étalés sur le parquet de sa propre vie. Car il faut le reconstruire, cette part intangible et inconsciente indispensable à notre bon équilibre pour ne pas finir en travers et dans le mur de brique des relations humaines et de sa propre personnalité. Le voilà agressé par tout un tas de questions et personnes. Que faire ? Comment le faire ? Le Bien ? Le Mal ? Les Autres ? Moi ? Surmoi ? Sous moi ? Tant de traumatismes cérébraux auxquelles l’éducation, le monde autour de lui apportait les bonnes réponses.

Et c’est là la brèche ultime où s’est glissée notre magnifique et merveilleuse société massificatrice. Elle qui depuis des années nous offre toutes les solutions de notre quotidien matériel, de la couche qui se défait et qui va à la poubelle toute seule à la viande déjà prédigérée pour gagner encore plus de temps en mangeant, ouvre un nouveau marché, celui de notre propre vie, des rapports humains.

 

Un modèle absolu simple et répondant à un maximum de sujets pour que la masse humaine puisse individuellement tous s’identifier au même grand Tout sentimental dans une perfection autoproclamée comme le Nouvel Eden. La voie du salut est ouverte. Qui mieux que cette grande unité de masse populaire faite apparemment pour contenter le moindre de ses désirs matériels serait la mieux placée pour maintenant lui expliquer comment contenter le vide immatériel causé ? Nous y voilà donc. L’humain devient un être sociable complet, dans son intégralité, et verra sa vie désormais tourné autour d’une nouvelle « way of life » sociétale, la religion de masse et un nouveau dogme – Amour Utopie sociale. Comprenons par ce grand mot, cette foule de sentiments dit ressentis et qui répondent à des critères mignons et reconnus par la masse.

La perfection finale. Plus besoin de réfléchir, de se noyer dans des conjonctures et des mas*****tions cérébrales sans fin et sans fondement juste pour savoir si ce que je vais faire, ce que je fais, ce que j’ai fait est bien. L’utopie de résoudre par soi-même ses questionnements. L’avenir nous est donné par une suite de pistes et chemins à suivre sans souci ni risque. Je serai bien dans le groupe. Tout est magnifique et m’ouvre ce monde de bonheur et de réussite sur catalogue.

Le sentiment de masse est né.

Big brother’s loving you !

 

C’est magnifique tout cela n’est-ce pas ?

On signe de suite sans autre forme de procès avec notre sang en souriant benoîtement au grand monsieur avec les yeux rouges et un sourire qui dévoile deux quenottes un peu plus pointues que les autres.

Quand on voit la majeure partie du monde qui accepte et signe, ont ils l’air malheureux ? ils nagent dans ce bonheur parfait et sans tâche où tout coule sans vague ni remous. ( aaah les remous … oups non là on s’égare)

Et pourtant, il reste quelques remous.

Imaginez une mécanique parfaite faite pour que l’on s’adapte à elle. Croyez-vous réellement que cent pour cent d’une population peuvent entrer dans le cadre parfait du dogme ? Non en effet. Et c’est là que ce crée un petit bestiaire de curiosités et autres symptômes cliniques divers issus de la plus vieille des variables aléatoires, le facteur humain.

Retournez votre livre, regardez la couverture et le sous-titre. Non allez-y, regardez au lieu d’attendre que je finisse ma phrase. Ne me gâchez pas tous mes effets franchement. L’auteur se fait suer à trouver des pirouettes pour être encore un peu original alors on est gentil et on fait ce qu’il vous dit.

Encyclopédie du monstre humain. Qu’est ce que cela ? Petit passage intello pour bien montrer que l’auteur ne noircit pas les lignes seulement de pensées sans fondement mais qu’il a fait des recherches. Un monstre en définition est généralement un individu qui par certaines de ses caractéristiques propres se démarque de façon significative de ses congénères (et non pas de ce que génèrent les cons, quoique ….) ces caractéristiques peuvent être physiques – vous savez comme le truc qui criait partout qu’il était vivant – morales ou intellectuelles. Toutefois la monstruosité n’est pas forcément négative. Elle peut être un gain, une supériorité par rapport à une norme commune. Petit passage intello off (nous remercions au passage le duo de recherche et documentation du geek, google et wikipedia pour leurs généreuses contributions)

Le monstre humain. Imaginez dans une mécanique bien huilée et faite pour s’appliquer au plus grand nombre, un de ces éléments hors du système. Mais dans cette hors-normité cet individu a pris conscience du système dans sa globalité, des tenants et aboutissants de chaque événement, de la réalité des rites de passage institués etc. Car c’est bien là le grand écueil du sentiment de masse. Dans son cycle parfait, il se répète et se répète et se répète et se répète (oui je sais ça fait beaucoup mais ça remplit un peu ma page. Un peu d’esprit mercantile de temps en temps.) Cette répétition est là pour éviter comme nous l’avons dit plus haut, de réfléchir et se torturer l’esprit. Ce sentiment de masse fait que chacun à sa place applique sans avoir à réfléchir un modèle immuable (oui j’aime bien ce mot) logique et donc prévisible, d’une précision diabolique à faire pâlir un coucou suisse. Et dans cette précision, glissez un de ces êtres hors normes dont les caractéristiques le démarquent de la masse sentimentale, libéré on ne sait trop comment, de l’influence du système.

Tout système extrême entraîne en opposition son phénomène antagoniste.

 

Le monstre humain est là.

 

 

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